Le nombre de femmes revendiquant un espace dans leur environnement immédiat, dans leur région et dans la société en général, a augmenté de manière significative au cours des dernières décennies en Afrique. Dans des pays comme le Cameroun, par exemple, le nombre de femmes parlementaires a été multiplié par sept, passant de 5,561 TTP3T de sièges à la fin des années 1990 à 33,891 TTP3T en 2020 (*). Toutefois, dans d'autres domaines de l'éducation, les inégalités restent très importantes. Parmi les personnes diplômées dans des carrières liées aux STIM (sciences, technologies, ingénierie et mathématiques), seules 3 sur 10 sont des femmes.

Dans ce contexte d'inégalité, la Recover Foundation appelle à l'inclusion de la dimension de genre dans tous les projets de développement, en soutenant les femmes locales pour qu'elles puissent étudier et se former, ce qui représentera sans aucun doute un grand pas en avant pour leur autonomisation.

C'est pourquoi, à l'occasion de la commémoration de la Journée internationale de la femme au mois de mars, nous souhaitons mettre en lumière et rendre hommage au travail des professionnels de santé locaux avec lesquels la Recover Foundation collabore sur le terrain, à travers les témoignages de Willimina, Bahalal Charlotte et Chatelle.

Chatelle Lewe, chirurgien-dentiste de Saint Martin de Porres à Yaoundé
"Pour moi, le travail que je fais est très excitant parce que lorsque le patient vient dans notre cabinet, c'est parce qu'il a mal, et lorsqu'il repart sans douleur après la visite, il nous remercie généralement du fond du cœur, c'est presque comme un miracle pour lui.

Au Cameroun, les inégalités de genre affectent les femmes dans le développement de leurs professions. Certains pensent encore que nous ne sommes pas capables d'occuper des postes de responsabilité, sous prétexte que nous ne sommes pas assez "charismatiques", ou que nous ne sommes pas assez affirmées pour pouvoir prendre des décisions. Mais je pense que c'est le contraire, il y a beaucoup de femmes qui ont le potentiel et les compétences pour occuper des postes à responsabilité, et il est grand temps que les inégalités de genre cessent, car elles nous affectent largement, nous les femmes, dans l'exercice de nos fonctions et dans le développement de notre profession".

Willimina Tatsinkou, infirmière à l'hôpital protestant de Njissé
Lauréat du 2ème prix de la fondation Recover Telemedicine 2019-2020. Bourse de formation en transfusion sanguine.

"Nous rencontrons parfois des patients qui ne veulent pas être traités par une femme, surtout lorsque nous travaillons dans une région à prédominance musulmane. Il y a aussi des centres privés qui hésitent à engager des agents de santé féminins, parce qu'ils pensent que nous pourrions tomber enceintes ou que nous demanderions des congés pour nous occuper de nos enfants et de nos maris.

Personnellement, je pense que c'est une erreur : nous, les infirmières, sommes à l'écoute du patient ; nous avons tous une famille, dont nous nous occupons également, et nous savons donc comment agir lorsqu'il s'agit de prendre soin d'autrui.

Bahalal Charlotte Flore, sage-femme au centre hospitalier Sainte Raphaëlle Marie
"Au Cameroun, la situation économique et le manque de soins de santé publique rendent difficile l'accès des femmes enceintes aux examens gynécologiques. C'est pourquoi, bien que nous nous efforcions de mener des séances de sensibilisation pour souligner l'importance de ces contrôles, il est difficile de faire en sorte que toutes nos patientes suivent le programme de contrôle.

Après l'accouchement, nous effectuons généralement une consultation de contrôle afin de détecter d'éventuelles complications post-partum tardives. Nous profitons également de l'occasion pour prodiguer des soins de base au bébé en matière d'hygiène et de nutrition afin de prévenir de futures complications, en particulier celles liées à la malnutrition. Il est également essentiel pour nous, sages-femmes, de pouvoir continuer à nous former tout au long de notre vie professionnelle, afin de pouvoir transmettre des informations actualisées à nos patientes.

(*) Banque mondiale : Part des sièges occupés par des femmes dans les parlements nationaux (%) | Données (bancomundial.org)